La tribune internationale de Montréal
Il y a une énorme partie du budget de la défense qu'on a simplement besoin pour gérer notre fonctionnement au quotidien. Et ça, on est en mesure de le dépenser rapidement pour atteindre la cible de 2%.
Jennie Carignan est diplômée en génie du Collège militaire royal du Canada en plus d’une maîtrise en administration de l’Université Laval et de deux maîtrises en arts et sciences militaires.
Elle est tout d’abord déployée sur le plateau du Golan en 1993, puis en Bosnie-Herzégovine en 2002. En 2009, elle sert en Afghanistan en qualité de commandante du Régiment d’ingénierie de la Force opérationnelle de Kandahar. Elle est également commandante du Collège royal militaire de Saint-Jean de 2013 à 2015.
Elle devient chef d’état-major pour les opérations de l’Armée en 2016, avant d’être désignée commandant de la 2e division du Canada en 2018. Elle est promue major-général en 2019 avant d’être nommée commandante de la mission de l’OTAN en Irak. À son retour au pays, elle occupe le poste de chef de la conduite professionnelle et de la culture à partir de 2021 avant d’être promue générale et nommée chef d’état-major de la Défense en 2024.
Fiche du conférencierBlaise Frawley détient un baccalauréat en arts et sciences militaires du Collège militaire royal du Canada ainsi qu’une maîtrise en études stratégiques du United States Air Force University.
Il s'est enrôlé dans les Forces armées canadiennes en 1985 et a terminé sa formation de pilote. Il a été affecté au 425e Escadron de la 3e Escadre Bagotville, puis a effectué des missions de combat au-dessus de la Yougoslavie et du Kosovo. Parmi ses nombreuses affectations, il a notamment servi au United States Marine Corps en Californie, a été commandant en second de la force opérationnelle Aviano en Italie, et a travaillé comme directeur adjoint de la Division de la mobilité aérienne du Centre multinational d’opérations aériennes et spatiales d’Al Udeid au Qatar.
En 2017, il est promu major-général et nommé commandant adjoint de l’Aviation royale canadienne. En 2021, il est devenu vice-chef d’état-major adjoint de la Défense. Depuis juin 2023, il occupe le poste de commandant adjoint du NORAD à Colorado Springs.
Fiche du conférencierLa conversation s’ouvre sur un constat partagé : le contexte géopolitique mondial est marqué par une instabilité croissante, notamment en raison de la posture imprévisible des États-Unis, du retour de la guerre de haute intensité en Europe, des ambitions stratégiques de la Chine, des menaces nord-coréennes et des bouleversements climatiques. Dans ce cadre, la générale Jennie Carignan insiste sur la nécessité d’une transformation profonde des Forces armées canadiennes. Elle évoque deux mots-clés : transformation et mobilisation. Le Canada doit adapter ses capacités, ses méthodes et ses effectifs pour répondre à des menaces plus complexes et plus proches du territoire.
La nouvelle politique de défense, « Notre Nord, fort et libre », oriente les priorités vers trois axes : la défense de l’Arctique, l’engagement avec l’OTAN en Europe, et une présence accrue dans l’Indo-Pacifique. L’Arctique est identifié comme la priorité absolue, en raison de sa vulnérabilité croissante et de l’intérêt stratégique qu’il suscite.
Le lieutenant-général Blaise Frawley présente les missions du NORAD, seul commandement binational au monde, chargé de l’alerte aérospatiale, de l’alerte maritime et du contrôle de l’espace aérien nord-américain. Il identifie quatre menaces principales : la Russie, la Chine, la Corée du Nord et la coopération croissante entre Moscou et Pékin. Il souligne l’importance des capacités de détection et de surveillance, notamment par le développement de radars transhorizon (OTHR), de satellites et de capacités sous-marines. Il insiste sur la nécessité de redondance technologique pour faire face à d’éventuelles attaques cyber ou à la perte de capacités en temps de crise.
Interrogée sur la capacité du Canada à atteindre l’objectif de 2 % du PIB en dépenses militaires d’ici 2032, la générale Carignan affirme que c’est possible, à condition de réformer les processus d’approvisionnement et de renforcer les fondations : personnel, santé, infrastructures, logistique. Elle plaide pour une accélération des investissements afin d’éviter un scénario de crise.
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