On vit une crise qui a des similarités importantes avec les années 30 en Europe, où beaucoup d'universitaires quittaient l'Allemagne et venaientse réfugier dans d'autres pays - Stéphane Pallage
Daniel Jutras est diplômé en droit de l’Université de Montréal et de la Harvard Law School. Il commence à enseigner le droit en 1985 à l’Université McGill. De 2009 à 2016, il occupe la fonction de doyen de la Faculté de droit. Daniel Jutras a aussi été titulaire de la Chaire Wainwright en droit civil de l’Université McGill pendant 10 ans.
De 2002 à 2004, il agit comme conseiller juridique principal auprès de la juge en chef de la Cour suprême du Canada, la très honorable Beverley McLachlin. M. Jutras a également plaidé devant la Cour suprême à deux reprises, à l’invitation de celle-ci. Il a aussi siégé au Comité consultatif indépendant sur les nominations au Sénat de 2016 à 2018 et a été consultant en matière de déontologie auprès du Conseil canadien de la magistrature.
Ses contributions à la vie universitaire, à la vie politique canadienne et à l’innovation pédagogique ont été soulignées par son accession au rang d’officier de l’Ordre du Canada en 2020. C’est en juin 2020 que M. Jutras devient recteur de l’Université de Montréal.
Fiche du conférencierStéphane Pallage est diplômé en administration des affaires de l’Université de Liège, en Belgique. Il détient également une maîtrise en administration industrielle et un doctorat en sciences économiques de l’Université Carnegie Mellon à Pittsburgh.
Suite à ses études, il devient en 1995 professeur à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM). Au cours des années, il sera notamment directeur des programmes de cycles supérieurs en économique de 2002 à 2005 et directeur de département de 2008 à 2012. En 2012, il devient vice-doyen à la recherche avant de devenir le doyen de l’ESG UQAM en 2013.
En 2018, il entame un mandat de cinq ans comme recteur de l’Université du Luxembourg. À son retour au Québec, il se lance dans la course au rectorat de l’UQAM avant d’être officiellement désigné recteur en avril 2023.
Fiche du conférencierSophie D’Amours exprime une vive inquiétude face à la montée des attaques contre la liberté académique, qu’elle considère comme le symptôme de mouvements sociaux plus larges : polarisation, détresse sociale, politisation des institutions. Elle insiste sur l’importance de comprendre les causes profondes de cette dérive, tout en soulignant que le phénomène n’est pas limité aux États-Unis, citant des exemples en Turquie, en Pologne et même au Canada. Elle appelle à un dialogue social pour contrer ces tendances. Elle évoque également la nécessité d’éduquer les jeunes à la compréhension des médias et à la distinction entre opinion et information vérifiée. Pour elle, la liberté académique est un privilège qui exige rigueur, responsabilité et ouverture. Elle plaide pour des mécanismes agiles afin d’attirer les chercheurs menacés à l’étranger, en s’inspirant du modèle belge qui offre une flexibilité aux universités. Enfin, elle insiste sur le rôle des universités comme espaces de dialogue et de production de savoir, et sur l’importance de préserver leur crédibilité auprès du public.
Daniel Jutras partage une vigilance constante face aux menaces qui pèsent sur la liberté universitaire. Il souligne que cette liberté n’est jamais acquise et que les universités doivent expliquer leur rôle dans la société pour éviter d’être perçues comme des élites déconnectées. Il met en garde contre les effets de refroidissement que peuvent provoquer des prises de position institutionnelles sur des enjeux géopolitiques, préférant que les débats soient portés par les chercheurs eux-mêmes. Il appuie l’idée d’attirer des chercheurs étrangers, notamment ceux en début de carrière, et insiste sur la nécessité de renforcer les programmes de financement et les collaborations internationales. Il évoque aussi les perturbations causées par les coupures de financement aux États-Unis, qui affectent directement les chercheurs québécois. Enfin, il insiste sur la distinction entre liberté d’expression et liberté académique, cette dernière étant liée à une expertise reconnue et à une finalité sociale, comparable à l’indépendance de la magistrature ou à la liberté de presse.
Stéphane Pallage affirme ne pas avoir été surpris par les attaques de l’administration Trump contre les universités, qu’il avait anticipées. Il décrit les universités comme un « sixième pouvoir » essentiel à la démocratie, capable de fournir une expertise indépendante dans un contexte où les autres pouvoirs sont affaiblis. Il insiste sur l’importance de l’autonomie universitaire pour garantir la crédibilité de la parole académique. Il voit dans la crise actuelle une opportunité pour le Québec d’attirer des sommités scientifiques menacées aux États-Unis, à l’image de ce qu’avait fait Princeton dans les années 1930. Il appelle à des initiatives ambitieuses pour renforcer le rayonnement scientifique du Québec. Sur la distinction entre liberté d’expression et liberté académique, il insiste sur le fait que cette dernière repose sur une expertise validée par les pairs et qu’elle est indissociable de l’autonomie institutionnelle. Il conclut en soulignant que les universités doivent pouvoir s’exprimer sur les enjeux fondamentaux, mais avec prudence et dans le respect de leur mission.
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