La tribune internationale de Montréal
Joanne Liu
Dre Joanne Liu Présidente internationale, Médecins Sans Frontières

Répondre aux crises humanitaires à l'ère de la sécurité à tout prix

14 mai 2018
Série Développement International
Photos de l’événement
Discussion animée par :

Sophie Langlois
Journaliste et correspondante, Radio-Canada

La crise des gens en déplacement forcé sera la tache morale du 21e siècle […] Il va falloir assumer qu’on a laissé faire.

Joanne Liu | Lire la biographie

Originaire de Québec, Joanne Liu est diplômée de la faculté de médecine de l’Université McGill. Elle s’est ensuite spécialisée en pédiatrie au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine, puis en urgence pédiatrique à la New York University School of Medecine. Dr Liu est aussi titulaire d’une maîtrise internationale en gestion de la santé de l’Université McGill.

Joanne Liu s’est impliquée pour Médecins sans Frontières (MSF) dès 1996 lors d’une intervention en Mauritanie. De 1999 à 2002, elle a été responsable des programmes de MSF à Paris, puis présidente de MSF Canada de 2003 à 2009. Elle a participé à plus de 20 missions, notamment au Kenya, en République du Congo, au Honduras, en Haïti, en Éthiopie, au Nigeria, en Indonésie, dans les Territoires palestiniens, en Ouganda, au Soudan et au Sri Lanka.

En plus de ses engagements humanitaires, Dre Liu a travaillé comme urgentologue pédiatrique au CHU Sainte-Justine, a œuvré à la Clinique Santé-voyage de la Fondation du Centre hospitalier de l’Université de Montréal et a enseigné à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

C’est en juin 2013 que Joanne Liu est élue présidente internationale de MSF. À ce titre, elle dirige le Conseil d’administration international et l’Assemblée générale internationale, et représente MSF International.

Fiche du conférencier

Compte rendu de la conférence :

En trois citations :

« Le coût de notre indifférence, c’est la perte de vies humaines »

Dre Liu est revenue sur l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’ouest en 2014. Plus de 28 000 personnes ont été affectées et, malgré tout, six mois ont été nécessaires avant que la communauté internationale intervienne. Cette intervention coïncidait avec les premiers cas d’occidentaux affectés par le virus alors qu’il y avait déjà eu des centaines de victimes en Afrique. Dans les dernières semaines, de nouveaux cas (près de 40) ont été rapportés en République démocratique du Congo dans une région isolée. Selon Dre Liu, il reste toutefois à savoir si les outils développés en 2014, comme les vaccins, seront déployés assez rapidement cette fois-ci.

« La crise des gens en déplacement forcé sera la tache morale du 21e siècle »

Revenant sur sa visite d’un centre de détention en Libye, Dre Liu a rappelé qu’il y a plus de 60 millions de personnes en déplacement forcé dans le monde. Par ailleurs, les politiques d’immigration restrictives en Europe et la rétention de migrants en sol libyen ont aggravé la situation à Tripoli, où on assiste à de nombreux abus et violations systématiques de droits humains. Fait à noter, MSF a refusé 100 millions $ de financement de l’UE en signe de protestation contre la politique migratoire européenne.

« Il faut dire haut et fort que ça n’a pas de bon sens avant que ça devienne la norme. »

Enfin, Dre Liu est revenue sur le bombardement américain d’un hôpital de MSF à Kunduz en Afghanistan le 3 octobre 2015. Ces frappes ont fait 42 morts, dont 14 intervenants de MSF, et a créé une fracture dans l’histoire de l’organisme. Dre Liu a rappelé que la présence de MSF sur le terrain avait été négociée et que la sécurité de l’établissement devait être totalement assurée. Bien que ce genre d’attaque ne soit pas la norme, elle souhaite que la communauté internationale dénonce fermement cette pratique au nom de ce qu’elle appelle notre humanité collective.

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